Pneumocoque chez l’enfant

Physiopathologie
La pénétration du germe est aérienne, exceptionnellement hématogène, la lésion initiale set une alvéolite qui s’étend avec adhérence du germe aux bronches et formation d’un réseau fibrineux dont la fluidification entraînant la guérison est possible de façon spontanée.
Un exsudat pleural est constamment associé au niveau histologique, à partir d’un foyer pulmonaire constitué, des décharges bactériennes dans pneumocoquele sang peuvent se faire, ce qui explique la possibilité de localisations septiques secondaires et de positivité éventuelle des hémocultures.

Clinique
L’enfant entre 3 et 10 ans le plus souvent touché que le nourrisson, le début est brutal avec fièvre à 40°C avec parfois douleur thoracique.
La toux, qui n’est pas constante, est sèche et discrète, une polynée peut s’observer.
Les signes abdominaux sont classiques dans la pneumonie franche lobaire aigue (PFLA), avec douleurs abdominales pouvant simuler un abdomen chirurgical, ce qui rend la prescription d’une radiographique pulmonaire systématique en cas de douleurs abdominales aigues et fébriles.
Les signes pseudo-méningés peuvent se voir avec céphalées et raideur de la nuque, certaines pneumonies sont sévères avec un tableau de détresse respiratoire et fièvre supérieure à 40°C.
L’examen clinique est pauvre quand l’infection intéresse les lobes supérieurs (situation la plus fréquente en pédiatrie), quand la pneumonie est basale, on trouve un syndrome de condensation avec matité, diminution du murmure vésiculaire, râles crépitants et souffle tubaire, ces signes sont d’autant plus évidents que le foyer pneumonique est étendu.

Examen paracliniques
La radiographie thoracique
Elle montre de préférence un syndrome alvéolaire systématisé, lobaire ou segmentaire, souvent localisé au lobe supérieur droit.
Le foyer se présente donc sous forme d’une opacité triangulaire à sommet médian et base périphérique, parfois on peut noter un bronchogramme aérien.
Le foyer n’est pas atéléctasiant, une réaction pleurale ou parfois même une pleurésie peut se voir sur le cliché thoracique ou à l’échographie thoracique.

Autres examens
  • L’hémogramme montre une hyperleucocytose constante dépassant 15000 GB/mm3  avec plus de 80% neutrophiles.
Cette polynucléose est plus significative que dans les pneumonies virales ou à chlamydia pneumoniae.
  • La CRP est souvent très élevée et supérieure à 60mg/l, elle est significativement plus élevée dans les pneumopathies à Haemophilus influenzae et à virus respiratoire syncytial.

  • La VS est accélérée et comme pour la CRP elle est significativement plus élevée dans les pneumopathies dues à d’autres micro-organismes.

  • Les hémocultures sont rarement positives, dans 25 à 30% des cas uniquement pour les pneumopathies à pneumocoque.
Quand le germe a  été mis en évidence on étudie sa sensibilité aux antibiotiques, ainsi que les CMI pour la pénicilline au moindre doute de sensibilité diminuée à cette dernière, la mise en évidence d’antigènes solubles dans les prélèvements bronchiques ou le sang, ainsi que la mise en évidence des anticorps spécifiques sont exceptionnelles.

Complications

L’évolution est le plus souvent favorable et est annoncée par une pyrexie et une polyurique après 24h de traitement bien conduit.
Des otites purulentes peuvent survenir au début du traitement, l’atteinte pleurale sera suspectée cliniquement devant la persistance de la fièvre malgré un traitement bien adapté.
Elle sera confirmée par une radiographie thoracique de face, celle ci peut montrer un comblement du cul de sac avec ligne bordante, voire parfois un épanchement de grande abondance.
Une pneumopathie nécrosante est possible surtout chez le nourrisson, elle doit être distinguée d’une SPP, l’aspect est celui d’une bulle au sein d’opacités alvéolaires.
L’évolution vers l’abcédation est possible mais rare, elle constitue alors un tableau clinique de suppuration profonde et un aspect d’image d’abcès à la radiographie du poumon, d’autres localisations suppurées peuvent se voir: articulaires, méningées, péricardiques…
Hormis les cas ou le pneumocoque est résistant ou sensibilité diminuée l’évolution favorable est la règle et rare sont les cas avec des séquelles pulmonaires, la réparation parenchymateuse est presque constante et la pratique de radiographies de contrôle n’est pas nécessaire, sauf si des signes respiratoires persistent.
“Revue Marocaine de Biologie – Infectiologie”

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